Premiers pas au Japon, premières obsessions
Les gâteaux Koala, toilettes toto et autres choses bien (in)utiles
Après un nombre d'heures d'avion qui ferait peur à n'importe quel calculateur d'empreinte carbone, mes yeux sont bien trop rouges d'avoir enchaîné 5 films mais ne se fermeront qu'enfin assise dans le bus ou le train direction chez ma grand-mère. J'y continuerai ma nuit que je n'ai évidemment commencée qu'au début de l'atterrissage.
Jusque-là, il faut rester vigilante pour répondre de la tête toutes les deux minutes à des inconnus qui me saluent sans cesse telle une rockstar, mais surtout, surtout, ne pas se tromper de file entre la queue des passeports étrangers et celle des passeports locaux. De toute façon, il y a quelqu'un tous les deux mètres pour me demander ma nationalité et/ou me dire où je dois aller.
Je remplis le long formulaire jaune pale pour la déclaration douanière où je dis toujours non à tout et où je dois consulter une énième fois mon portable ou mon carnet pour écrire l'adresse de ma grand-mère que je n'arrive pas à retenir entre enchaînement de chiffres, de quartier et de préfecture. Pour moi son adresse, c'est et ça restera toujours : "nom de l'arrêt de bus" à côté du poissonnier. Enfin, il a fermé depuis un bail. C'est mot pour mot ce que je dis au chauffeur de taxi quand j'arrive à la petite gare près de la mer, et évidemment qu'il voit directement l'endroit dont je veux parler.
(Tips de survie pour votre prochain voyage au Japon : un nom d'hôtel peut parfois suffire, sinon conservez précieusement l'adresse de votre premier refuge au Japon. Idéalement sur un papier si comme moi vous n'avez évidemment plus de batterie à l'arrivée ou très peu et que vous avez évidement mis votre chargeur et/ou adaptateur dans la valise en soute.)
La douane passée, je suis officiellement au Japon : Ma mission commence.
Et là, c'est direction "kombini", "seeyu" ou tout ce qui peut ressembler à une supérette dans l'aéroport pour acquérir au plus vite mes gâteaux koala et une bouteille de thé glacée ou bouillante selon la saison. La bouteille est adaptée, évidemment. Ces gâteaux ressemblent aux céréales Trésors. Une pâte un peu plus lisse, avec un koala dessiné dessus. Évidement chaque gâteau représente un koala avec une activité différente sinon ce n'est pas japonais. Je reparlerais de ces gâteaux beaucoup trop mignons pour que j'assume de les adorer vraiment. Ils représentent une sorte de tradition voire même une superstition. Ils sont le symbole de mes premiers souvenirs du Japon. Depuis que je suis toute petite. Depuis que je peux avoir des souvenirs. Ça et toucher la paroi de l'avion avant de monter et avant de descendre. Mais ça ce n'est pas que pour le Japon, c'est mon rituel secret pour tous les avions.
Si je pouvais remonter à mes premiers vrais souvenirs, ils se résumeraient sûrement à des boutons et peut-être à l'avion pokémon ou Star Wars de la compagnie qu'on prenait. Mais surtout les boutons !
Particulière le bouton, orange à l'époque, pour appeler l'hôtesse de l'air. Je l'ai d'abord sûrement longtemps observé. Je devais en effet avoir à peine deux mois la première que j'ai fait comprendre ma présence à plus de 200 passagers depuis mon couffin accroché au mur entre les places E et G tant au milieu dans la largeur que de la longueur de l'avion.
Puis leurs lumières, le bruit spécifique quand on appuie dessus et enfin ma mère qui s'excuse auprès de l'hôtesse beaucoup trop souriante pour être sincèrement compréhensive quand elle n'a pas eu le temps d'annuler ma demande à temps. Ensuite, ce seront les boutons des fameuses toilettes TOTO ou équivalents et leur jet d'eau dédiés à chaque orifice. Oui, il y en a même à l'aéroport. Officiellement c'est déconseillé. Officieusement c'est en général hyper propre ! Et beaucoup de gens qui se rendent pour la première fois, vous avoueront peut-être un jour à demi mot qu'ils ont testé ces machines dès ce moment là.
Les gâteaux koala, je ne les mangerais en général qu'en arrivant chez ma grand-mère. Si ce n'est le lendemain à 10 heures, pour l'heure du thé. Ce n'est pas super bien vu de manger dans les transports et je ne passe pas vraiment inaperçu ici, avec mes 1 m 60, mon bun en pagaille sur le haut de mon crâne mais surtout, ma tête de Half.
C'était une petite introduction de mes débuts au Japon en tant que franco japonaise. Si certains mots ou anecdotes vous ont interpellé, je vous propose de plus ou moins les approfondir dans les rubriques suivantes, toujours de manière très objectivement personnelle bien sûr.
Ah, j'oubliais. Je garde mon ironie bien française même quand je parle du Japon ou en japonais. Je vais donc être souvent un brin plus critique que ce qu'on peut entre sur le "magnifiiique" Japon. Enfin je vais essayer. Ce n'est pas si évident que ça. Quand je rentre en France, je râle au moins pendant une semaine en faisant des comparaisons avec le Japon. 😇
Les gâteaux Koala ou le shoutou keiki 🍰
Au Japon, comme dans plein d'autres pays, et ce malgré, la mondialisation, l'occidentalisation et surtout l'américanisation de la société japonaise, les friandises et gâteaux contemporains ont leurs particularités.
On fera la différence entre les "sunakku"(aka Snack), "okashi", "bisuketto" (aka biscuits) ou encore wagashi pour les gâteaux traditionnels.
Dans les biens pops, biens modernes, les koalas sont assez représentatifs. Mon autre obsession c'est le "shouto keki" ou fraisier à la crème, qui bien que d'origine moderne, a réussi a se faire une place dans de nouvelles traditions japonaises comme à Noël à partager avec son "date" plus que sa famille. Mais pour moi, c'est a ne partager avec personne et c'est toute l'année dès que possible !
Bref, testez des gâteaux, des bonbons, des osenbe (biscuits de riz)… au Japon ou même avant. En France on en trouve parfois dans des magasins asiatiques de type "Frères Tang", en banlieue parisienne, "Ace Market" à Paris et Lyon, ou encore à "Paris Store" à Strasbourg. Je vous conseille surtout la boulangerie et le café Aki pour une première expérience réussie (établissement tenu par des japonais même si propriétaire Coréen) et posée avec un bon café ou latte matcha lors de votre prochain passage à Paris. Surprises gustatives, olfactives et visuelles garanties !
Ne soyez pas étonné.e.s du surplus d'emballage, de plastiques, c'est horrible mais c'est comme ça et on verra que c'est le résultat d'un mélange de tradition japonaise et de capitalisme hygiéniste.
Comment voyager au Japon sans avion ?
Comme je commençais cette première newsletter par la constatation suivante :
Après un nombre d'heures d'avion qui ferait peur à n'importe quel calculateur d'empreinte carbone
Et qu'il faudrait multiplier ça par mon âge et au moins 1 voyage par an au Japon si ce n'est plus et sans compter d'autres voyages... Je me suis dit que j'aimerais bien tenter l'aventure d'y aller sans ce moyen de locomotion un jour.
Il existerait une méthode qui passe par le train 🚅 jusqu'à Moscou, puis un long voyage à travers la Russie en Transsibérien, pour finir avec le ferry ⛴️ jusqu'aux côtes japonaises. Le trajet est un peu complexe, plus cher que l'avion ✈️ et dure une dizaine de jours voire plutôt 15.
Autant prendre le temps et profiter du voyage pleinement et s'arrêter en cours de route et prendre un bon mois de vacances non ? À voir si c'est vraiment plus responsable écologiquement ? Je vous en reparle quand j'aurais testé mais sachez que c'est possible !
Pour m'aider à tester un jour vous pouvez d'ailleurs vous abonner à la version payante de cette newsletter pour me soutenir !
Le "tatemae" utile mais insupportable
Tatemae ou littéralement "être debout-devant" ou autrement "garder la face".
Je définis souvent cette expression par la capacité à rester souriant.e et calme dans les pires situations. Surtout pour annoncer une mauvaise nouvelle à quelqu'un. Je ne suis pas la personne la plus empathique de la terre, mais l'hôtesse pourrait au moins faire semblant de compatir et non garder son sourire figé quand c'est la septième fois de la journée qu'elle vous annonce que l'avion est surbooké et que vous devrez attendre l'avion suivant. Avion suivant qui cette fois ne décollera que le lendemain matin.
(Douloureux souvenir d'une petite fille trop gâtée au Japon qui voulait rentrer en France après avoir passé la journée dans le marché pluvieux de la ville de Narita, trempée jusqu'aux pieds et traumatisées d'avoir vu des anguilles se faire couper la tête à peine sortie d'un tonneau et remuant toujours de la queue qui deviendra de succulents filets après s'est fait décapitées (je ne connaissais pas encore cette expérience culinaire à l'époque))
De manière plus rigoureuse :
Honne et tatemae sont des mots japonais qui décrivent le contraste entre les véritables sentiments et désirs hon'ne (本音 « vrai son ») d'une personne et la conduite et les opinions qu'elle expose en public tatemae (建前, lit. « fabriqué devant », « façade »). En somme, ce qui différencie l'être du paraître. Enfin je vous laisse allez voir sur Wikipedia pour le reste. Je pense qu'imaginer le ressenti face à ce genre de situation est plus important que l'étymologie pour le moment. On en reparlera sûrement de toute façon de ce fameux foutu tatemae qui revient très souvent.
Les Toilettes toto et autres toilettes japonaises
Une image vaut mieux que des explications en japonais, RDV sur l'Insta de Half pour les illustrations nombreuses et nécessaires à cette édition et aux éditions à venir de cette newsletter.
Les toilettes japonaises sont connues pour être ces bijoux de technologies avec pleins de boutons partout ! Soyez bien attentifs à la signification des pictogrammes si vous n’avez pas la chance de lire le japonais, ni d'avoir les boutons traduits en anglais ou encore de ne comprendre ni l'une ni l'autre de ces langues.
Autrement, vous vous retrouverez vite trempé par le jet spécial anus (par de l'eau propre et même sûrement potable) en tentant une fois levé de tirer la chasse d'eau qui est maintenant de plus en plus souvent automatique surtout dans les lieux publics.
Mais peut-être aurez vous "la chance" et la surprise de tomber sur des toilettes autrement traditionnelles avec un seul bouton quand ce n'est pas une poignée ou une chaîne : des toilettes " turques" à la japonaise. Et oui le Japon n'est pas l'eldorado des technologies que vous imaginez peut-être. Elles seront souvent vielles mais propres.
Enfin, si vous voulez ramener ces bijoux technologiques, les "washtoilette" hein (c'est leur petit nom), pas les toilettes "turqo-japonaises" dans votre nid douillet français : pour ne pas débourser des milliers d'euros pour cette technologie nipponne, (gardez les d’abord pour payer votre voyage) vous pouvez tenter l'expérience avec Boku ou encore checker la sélection de Cacré ici. (Ce ne sont pas des liens sponsorisés, sinon je vous le dirais)
Parce que votre bien-être digestif est primordial au Japon ! On en reparlera !
Dans la prochaine newsletter, je vous parle du Nouvel An au Japon !
N'hésite pas à m'envoyer tes questions, les sujets que tu aimerais que j'aborde ou encore à partager tes propres expériences du Japon !
Bye Bye !
Manon