Après la lecture de cette newsletter, vous ne planterez plus jamais vos baguettes dans le bol de riz sans vous en vouloir un peu. Vous ne commettrez jamais l'impair de prendre le même morceau que quelqu'un dans un plat à partager et vous ne vous servirez encore moins de baguettes de différentes tailles ou styles, qu'elles soient cassées ou non. (Enfin, j'espère !) Je vais vous éviter pas mal de malaises et de rires gênants.
Trigger Warning : Cette newsletter est en deux parties. Dans la seconde, je vous parle des funérailles au Japon à travers l'expérience que j'ai eu de celles de mon grand-père.
Je préfère la mettre en fin de newsletter avec des explications vocabulaire et peut-être plus joyeuses en amont.
La plupart de mes newsletters sont personnelles et gratuites. Je fais exception pour celle-ci et pour la partie éditoriale/histoire (très) personnelle. J'espère que vous comprendrez. Vous abonner ce n'est pas seulement pour accéder à des contenus exclusifs, c'est aussi et surtout un moyen de me soutenir en plus de profiter de quelques avantages. J'inverse donc cette newsletter avec les petites rubriques en premier et mon témoignage personnel de Half après.
🥢 Les baguettes : (O)hashi
Vous vous dite peut-être : "c'est bon les baguettes, je sais ce que c'est, je sais même super bien les utiliser" (testez de finir tous les grains de riz sans exception dans un bol avant de faire le.la malin.e quand même, en plus ce n'est pas poli du tout de laisser un grain de riz dans son bol 😘)
Pourquoi ne pas planter les baguettes dans son bol ?
Quand je vais au Japon dire bonjour aux voisins ou à une connaissance de ma grand-mère qui ma connue "haute comme ça" et dont je ne me souviens évidemment plus très bien, il faut parfois aller dire bonjour aux anciens, aux morts. On va alors en général se recueillir devant le butsudan, allumer et planter deux petits bâtons d'encens, entre autres rituels.
Planter ses baguettes dans son bol de riz, c'est alors faire référence à ces deux bâtons d'encens.
Le "butsudan" est une sorte de mini temple bouddhiste placé à la maison pour se recueillir. Version Shintoïste, on appelle ça plutôt le "kamidana", mais on ne fait pas brûler d'encens.
Pourquoi ne pas utiliser des baguettes de tailles différentes
et ne jamais prendre le même morceau que quelqu'un dans un plat à partager :
Pour des raisons évidentes de praticité et d'hygiène ? Oui pourquoi pas. Fin, on parle d'un plat à partager donc de toute façon nous ne sommes pas ici présents dans un contexte très "covid friendly".
Non, c'est surtout parce que ce geste peut rappeler un rite funéraire, oui encore !
Après la crémation, on observe les os de la personne défunte. Les membres de la famille proche vont se mettre de part et d'autre de la table qui rassemble les os, et à deux, prendre un bout d'os avec de longues baguettes rituelles de tailles inégales et mettre ensemble ce même morceau dans l'urne dédiée. Pour aller encore plus loin dans les détails, une baguette serait en bambou et l'autre en bois de saule. Cela symboliserait le pont entre les deux mondes.
Merci de m'avoir lu jusqu'ici si vous souhaitez lire le témoignage du jour, abonnez-vous.
J’étais étonnamment en train de courir.
Je ne cours jamais, alors ça voulait bien dire que quelque chose n’allait vraiment pas.
En plus, il faisait extrêmement froid. Quelle idée d'aller courir un matin en février un lendemain de jour de neige.
Je crois que ma mère m’a appelé directement sur mon portable. Là, j’ai compris qu’est ce qui n’allait vraiment pas. Ce n’était pas le fait que je me mette au sport. Elle m’appelait sur mon portable en direct du Japon. Au prix que ça coûte. Je ne sais plus ce qu’elle m’a dit, mais j’avais compris avant de décrocher.
Ojjichan, mon grand-père japonais, était mort.
Mon père avait insisté pendant des semaines pour que ma mère aille au Japon plus tôt que prévu cette année. Il ne voulait pas qu’elle manque ça. Le départ de son père. Qu'elle ne regrette pas. Il est mort quelques jours à peine après son arrivée. Comme s’il l’attendait. Dans l’idéal, il voulait que j’y aille aussi. J’attendais les vacances de février.J’étais en terminale et je préparais des concours. C’était difficile de rattraper les cours.
On est parti le lendemain au Japon.
La petite maison était méconnaissable. Enfin surtout le salon, la pièce principale, la seule pièce chauffée en permanence ou presque. C'est classique dans une maison japonaise traditionnelle.
La pièce était recouverte d’un tissu argenté. Tous les murs, même le plafond.
Continuez votre lecture avec un essai gratuit de 7 jours
Abonnez-vous à Let's TalQ by ManoNatsumi pour continuer à lire ce post et obtenir 7 jours d'accès gratuit aux archives complètes des posts.